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Léo de 22h04

Cyberpunk 2077, dystopie du turfu et bistouquettes métalliques



Si l’année 2020 est sans doute l’année où nous avons passé le plus de temps barricadés chez nous pendant qu’une pandémie mondiale décimait nos grands-parents, c’est aussi l’année qu’aura choisi le studio CD Projekt Red pour sortir son jeu vidéo “Cyberpunk 2077”. Annoncé depuis 2012 et ayant été maintes fois repoussé, le titre s’inscrit dans la longue liste des œuvres dystopiques Cyberpunk où la technologie coexiste avec une société humaine dégénérée.


Mais alors le “Cyberpunk” c'est quoi ?


Et bien d’après un fameux site contenant tout le savoir du monde dont nous tairons le nom, le cyberpunk (association des mots cybernétique et punk) est un genre de science-fiction très apparenté à la dystopie qui met souvent en scène un futur proche avec une société technologiquement avancée, mais empreinte de violence et de pessimisme, presque ironique.


Opposé aux récits de science-fiction qui se déroulent dans des temps beaucoup plus éloignés de notre époque il est coutume d’explorer l’univers dans de gros vaisseaux avec si possible, John Williams à la bande originale, le cyberpunk est le théâtre d’un conflit presque apocalyptique des anti-héros anarchistes s’opposent à des multinationales à coup de piratages informatiques et de coiffures iroquoises dans un “no-future proche”.


Si le terme “Cyberpunk” est apparu pour la première fois au milieu des années 80, dans un article du Washington Post intitulé “SF in the Eighties” qui mettait en lumière le roman Neuromancien (1984) de l’écrivain William Gibson, pilier du genre, on peut en retrouver les premières influences dans des sources bien plus vieilles comme le Frankenstein (1818) de Mary Shelley.


Bien que la littérature soit à l’origine du genre, on le retrouve dans la bande dessinée et les mangas japonais, (Akira (1982) de Katsuhiro Otomo ou Ghost in the Shell (1989) de Masamune Shirow pour ne citer qu’eux), les jeux de société et les jeux de rôles papier (Cyberpunk 2020 (1988) de Mike Pondsmith ou Warhammer 40.000 (1987) par Games Workshop), bien évidemment dans la culture cinématographique (Blade Runner (1982) de Ridley Scott ou le très connu Matrix (1999) des Wachowski) et bien sûr, dans les jeux vidéo.


Et le jeu “Cyberpunk 2077” alors ? Il est bien ?


On y a joué une bonne vingtaine d’heures pendant les vacances de Noël, et bien qu’ayant souffert d’une sortie controversée à cause d’adaptations plus que discutables sur les consoles de la génération passée (support sur lequel nous avons joué au jeu) il est indéniable qu’il a fait son petit effet.


On y incarne “V” un personnage que nous façonnons de A à Z comme dans tout RPG qui se respecte. Nous allons le créer de toutes pièces, c’est le cas de le dire. Des implants mécaniques sous-cutanés au choix de nos parties génitales, la personnalisation est totale.


Catapulté dans la vertigineuse ville fictive de “Night City”, scène principale du scénario du jeu, nous allons découvrir un monde régi par les corporations (faisant indirectement allusion à nos GAFAM d’aujourd’hui) où le culte de l’argent est toujours présent et où l'écart des classes sociales est plus visible que jamais. Le transhumanisme y est une chose commune et nos questions actuelles d’identité de genre semblent obsolètes depuis de nombreuses années à en croire la diversité des personnages que nous allons rencontrer lors de notre aventure.

Nous marcherons dans les pas de “Johnny Silverhand “ un rocker résistant pour les uns, terroriste pour les autres, ayant trouvé la mort il y a plusieurs années dans l’attaque de la tour d’Arasaka, la plus grosse corporation de ce monde fictif. Le bougre est incarné par un certain “Keanu Reeves”, tiens donc !


Pour ceux à qui ce nom ne dit rien, il s’agit de l’interprète de Neo dans la trilogie Matrix. Sacré coïncidence non ? L’acteur de 56 ans semble prendre plaisir à donner vie à son personnage totalement barré, cliché du rockeur anticapitaliste du futur.


Un scénario intéressant, des mises en scène et des dialogues riches, une bande originale et un sound design aux petits oignons nous feront presque oublier les multiples bugs et l’aspect graphique dépassé proposé sur l’ancienne génération de consoles. Mais c’est aussi dans les détails que Cyberpunk 2077 se montre intéressant, en dehors de la mise en scène principale, ce que nous retiendrons du jeu c’est surtout l’ambiance qu’il propose. À la fois progressiste et pessimiste, tantôt éblouissante, tantôt lugubre. On y voit l’un de nos futurs possibles, presque crédible, l’écologie n’existe pas et le culte de soi est la seule religion ayant survécu au temps qui passe.


Mais alors s’il est si bien, pourquoi a-t-il tant divisé à sa sortie ?


Et bien parce qu’il est sorti trop tôt ma bonne dame ! En effet, l’ambition du jeu était telle, que même après 8 ans de développement dans les jambes, le jeu est sorti accompagné d’une tripotée de bugs et avec une optimisation médiocre pouvant entacher votre expérience si votre console ou votre ordinateur n’est pas flambant neuf. Alors certes, c’est le cas de la plupart des jeux vidéo de cette trempe, qui se voient mis à jour régulièrement après leur sortie, mais les joueurs auraient certainement été plus indulgents s’ils n’avaient pas été matraqués par une communication très agressive tout le long de l’année. Et le pire c’est que cela est également retombé sur les développeurs, les artistes de l’affaire, qui témoignent d’une pression intense dans leur cadre de travail tantôt par leur hiérarchie tenant absolument à tenir les délais en leur imposant un rythme de travail effréné, tantôt par des fans attentionnés qui leur adressaient de sympathiques lettres les menaçant de mort si leur copie du titre ne se retrouvait pas sous le sapin pour noël.


Le jeu est donc sorti mi décembre, avec un goût d’inachevé, et un bon petit scandale collé aux fesses d’un studio ayant pourtant bonne réputation. Les dessous peu scrupuleux d’une industrie se sont ainsi révélés au public. Une situation plus qu’ironique et qui peut faire rire jaune au vu de la thématique de leur titre.


Si néanmoins vous souhaitez vous lancer dans l’aventure Cyberpunk 2077, nous vous conseillons donc fortement de vous diriger vers la version PC ou d’attendre une meilleure optimisation des versions consoles pour profiter pleinement du jeu. Ah, assurez-vous aussi de vous le procurer chez un petit revendeur indépendant et pas sur Amazon, histoire d'être raccord !


Allez, à bientôt samurai ! Nous, nous avons une ville à brûler !


…. Ah ben non en fait y’a 20 gigas de mise à jour.

Léo, 22h04.



En bonus, une petite playlist maison inspirée du jeu :



Sources :





Références :


Littérature :

  • Neuromancer (William Gibson, 1984)

  • Frontera (Lewis Shiner, 1984)

  • Le samouraï virtuel (Neal Stephenson, 1992)

  • La Schismatrice (Bruce Starling, 1985)

  • Software (Rudy Rucker, 1982)

BD et mangas :

Cinéma :


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